La pollution lumineuse

La lumière : une forme de pollution ?

Quand les étoiles disparaissent...

Un des effets négatifs de l'industrialisation sur l'activité humaine et l'environnement est la production excessive de lumière. Cela peut sembler étrange, mais l'excès de lumière constitue en effet une forme de pollution, particulièrement la nuit. La pollution lumineuse a des impacts négatifs dans une foule de domaines comme l'économie, l'écologie et... l'astronomie.

Image satellite de la Terre la nuit avec de nombreux points lumineux, surtout situés dans l'hémisphère nord

Pour la majorité d'entre nous, l'excès de lumière artificielle n'est pas toujours considéré comme une forme de pollution, car elle n'est pas permanente ; il suffirait en effet d'éteindre collectivement toutes les lumières pour la faire disparaître. Dans la réalité, une telle solution est irréaliste, car notre société a besoin de lumière artificielle pour fonctionner.

La pollution lumineuse est principalement causée par des éclairages mal dirigés, excessifs, inefficaces ou non nécessaires. On la rencontre surtout dans les agglomérations urbaines où les éclairages artificiels sont nombreux. Dans de telles zones, la lumière est réfléchie vers le ciel ou dirigée en partie dans sa direction. Elle est alors dispersée par les couches de l'atmosphère, ce qui produit une lueur qui rend le ciel moins noir la nuit. Dans les grandes villes canadiennes, plus de 95 % des étoiles visibles à l'œil nu ne sont plus observables.

Photo d'une lueur orangée dans l'horizon d'un ciel étoilé noir, au-dessus de lumières urbaines

Des effets négatifs insoupçonnés

De la bactérie aux étoiles

Les effets négatifs de la pollution lumineuse sont nombreux sur l'activité humaine. Par exemple, économiquement, l'usage d'un éclairage excessif ou inutile constitue un gaspillage d'énergie qui est coûteux autant pour le simple particulier que pour les industries. Dans la province de Québec, on évalue à 45 millions de dollars annuellement les coûts de l'électricité utilisée pour « éclairer le ciel ». De plus, globalement, cet éclairage surabondant peut avoir un impact sur les changements climatiques s'il a été produit à partir d'énergies fossiles.

La faune et la flore sont également touchées. L'éclairage de nuit peut embrouiller les déplacements des animaux comme les oiseaux migrateurs et les papillons de nuit, changer les relations entre les prédateurs et leurs proies, modifier la compétitivité à l'intérieur d'une même espèce, etc.

Dans le cas des papillons de nuit, par exemple, il a été prouvé que de nombreuses plantes à fleurs subissent un déclin lorsque les déplacements des espèces pollinisatrices sont affectés par la pollution lumineuse.

Dans certains cas, ce sont des écosystèmes entiers qui peuvent être affectés. Dans les lacs, par exemple, le zooplancton peut cesser de se nourrir d'algues si l'éclairage de nuit est trop prononcé. Il s'en suit donc une prolifération excessive d'algues dont la décomposition éventuelle provoque une activité bactérienne accrue, laquelle finit par appauvrir en oxygène l'eau du lac. De nombreuses espèces d'invertébrés et de poissons meurent alors asphyxiées.

En astronomie, la pollution lumineuse est un réel problème : elle diminue le contraste entre le ciel noir et les astres ce qui empêche souvent de voir les étoiles. Pour l'astronome amateur, c'est un problème majeur, car l'accès à un ciel obscur est de plus en plus difficile.

L'inaccessibilité grandissante au ciel étoilé est malheureuse puisqu'on se rend de plus en plus compte du rôle joué par l'astronomie amateur dans le développement de l'intérêt des jeunes pour les sciences. En 2003, le gouvernement britannique a même reconnu qu'il existait un lien entre le manque d'intérêt pour les sciences et la pollution lumineuse !

Photo aérienne d'algues vertes menthe dans une masse d'eau plus foncée au contour sinueux entouré de zones vert clair

Pour les astronomes professionnels, la lumière artificielle n'est pas souhaitable parce qu'elle gène la collecte des données. C'est pour cette raison que les nouveaux observatoires sont aujourd'hui installés dans des régions isolées.

Des aires protégées

Un peu partout à travers le monde, des initiatives visant à protéger l’intégrité du ciel nocturne voient le jour. Des organisations telles que la International Dark Sky Association (IDA) et la Société Royale d’Astronomie du Canada (SRAC) ont mis sur pied des programmes ayant pour but de reconnaître des territoires d’une noirceur exceptionnelle ou encore des communautés où des efforts importants de contrôle de la pollution lumineuse sont menés.

En 2007, suite à  un important programme de réduction de la pollution lumineuse, la région du mont Mégantic est devenue la première réserve internationale de ciel étoilé certifiée par l’IDA. Le territoire de 5300 kilomètres carrés, situé dans le sud-est du Québec, est centré sur l’Observatoire du Mont-Mégantic. Mené par l'ASTROLab en partenariat avec le parc national du Mont-Mégantic, l'Observatoire du Mont-Mégantic, les communautés locales et les élus municipaux, provinciaux et fédéraux, le projet de protection du ciel nocturne a permis de répondre adéquatement aux besoins d'éclairage extérieur en réalisant d'importantes économies d’énergie.

En 2013, la SRAC a reconnu le parc national de Wood Buffalo en tant que réserve de ciel étoilé. Avec une superficie de plus de 44 000 kilomètres carrés chevauchant l’Alberta et les Territoires du Nord-Ouest, c’est à ce jour la plus grande réserve de ciel étoilé au monde.

Contrer la pollution lumineuse

Des solutions simples

La réduction de la pollution lumineuse est souvent perçue, à tort, comme une volonté de ne plus éclairer notre environnement nocturne. En réalité, il ne s’agit pas de cesser d’éclairer, mais bien d’éclairer plus intelligemment, sans compromettre la sécurité.

Chacun peut contribuer à une meilleure préservation de l'intégrité nocturne en respectant les quatre principes de base qui permettent d’assurer un environnement sécuritaire tout en minimisant les impacts sur le ciel étoilé, les écosystèmes et la santé humaine: intensité, orientation, période et couleur.

Photo d\'une ampoule à vapeur de sodium à basse pression créant une lumière très jaune
  1. Réduire l'intensité. Choisissez des luminaires produisant un éclairage sobre et uniforme dont l’intensité lumineuse n’est pas excessive. Cela permet à l’œil de s’adapter à la luminosité ambiante tout en assurant la visibilité requise et une sécurité des lieux.
  2. Ajuster l'orientation. Optez pour des luminaires dont le flux lumineux est orienté vers la surface à éclairer. La lumière émise vers le ciel n’aide pas à mieux voir et la lumière émise vers l’horizon contribue à l’éblouissement.
  3. Contrôler la période. Réduisez la période et la durée d’utilisation des éclairages au strict nécessaire. Installer une minuterie, un détecteur de mouvement, ou simplement éteindre les lumières en allant se coucher sont des solutions qui peuvent réduire grandement la pollution lumineuse.
  4. Limiter la lumière bleue. Privilégiez l’utilisation de sources lumineuses de couleur ambrée à celles de couleur blanche. Ces dernières sont les plus dommageables pour le voilement des étoiles et les écosystèmes en raison de leur grande proportion de lumière bleue qui génère, à luminosité égale, 2 à 4 fois plus de pollution lumineuse.

À vous de jouer!

Hubert Reeves explique ce qu'est la pollution lumineuse.

Télécharger la vidéo : MP4 (7,25 Mo), WebM, (7,19 Mo), Ogg (6,24 Mo) (1 minute 25 secondes)

En savoir plus sur Hubert Reeves

ASTROLab du Parc National Mont-Mégantic

La pollution lumineuse, c'est le fait qu'aujourd'hui, d'année en année, on voit que la quantité de lumière qui est émise partout dans le monde dans les villes, les éclairages urbains, devient excessive. Premier résultat, je dirais le plus dramatique : ça coupe le ciel, les gens ne voient plus le ciel. Vous avez des quantités de gens qui n'ont jamais vu la Voie lactée, qui n'ont jamais vu la lumière zodiacale. Des fois, je demande aux gens : est-ce que vous savez ce que c'est que la lumière zodiacale? Les trois quarts ne savent même pas, n'ont jamais entendu le mot. C'est quelque chose qui était très présent dans le passé. C'est ce contact avec le ciel, cette espèce d'émotion que vous avez quand vous sortez par une belle nuit étoilée avec la Voie lactée et tout. Ce contact, c'est quelque chose qui était présent dans toute l'humanité, jusqu'à peut-être quelques décennies, qui est absent et qui est quelque chose qu'il faut redonner aux gens. Redonner aux gens la possibilité d'avoir un accès, de voir les étoiles, de voir la Voie lactée. Et ça, ça se fait par cette lutte qui prend de l'importance contre la pollution lumineuse : d'expliquer que c'est pas nécessaire d'éclairer tant que ça, que ça sert à rien d'éclairer le ciel, que c'est un gaspillage d'énergie. De toute façon, maintenant, on cherche à limiter l'énergie. Pourtant on éclaire le ciel : c'est complètement perdu! D'autres éléments importants que l'on trouve, c'est que ça apporte des perturbations importantes à la vie végétale et animale.

Activité La pollution lumineuse

La pollution lumineuse a fait disparaître 95 % des étoiles dans le ciel. Cliquez sur les différents éléments du dessin pour voir jusqu’à quel point la pollution lumineuse est néfaste pour la planète entière. Par la suite, choisissez d’éclairer ce qui est vraiment essentiel. Vous verrez que nous gaspillons beaucoup de lumière et d’énergie dans nos villes.

Vous remarquerez que certaines lumières sont plus problématiques que d’autres, qu’il est possible, dans certains cas, de choisir des lumières moins polluantes et qu’à d’autres occasions, les lumières sont totalement inutiles et inefficaces.

Vous pouvez cliquer sur :

  • Les maisons : Peu d’effet
  • Les lampadaires : Effet moyen
  • Le pont : Effet catastrophique et inutile
  • Le monument : Effet très grand
  • Les lumières de rues : Il y a un choix efficace et un choix inefficace
  • La ville : Effet très grand
  • L’école : Effet assez grand (surtout qu’une école est habituellement fermée la nuit)

Par la suite, si vous le désirez, vous pouvez faire une promenade dans la ville et de vous amuser à dresser une liste des monuments ou des édifices qui sont illuminés pour rien.

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