Andrew McKellar (1910-1960)
Reconnu mondialement comme l'un des plus grands astronomes canadiens, il a été le premier à mesurer la température de l'Univers
Andrew McKellar naît en 1910 à Vancouver, en Colombie-Britannique. En 1930, il décroche son baccalauréat de l'Université de la Colombie-Britannique, à Vancouver, puis s'inscrit à l'Université de la Californie à Berkeley où il obtient sa maîtrise en 1932 et son doctorat en 1933. Il se spécialise en spectroscopie moléculaire, c'est-à-dire dans la détection et l'analyse de la structure des molécules.
En 1933, il devient chercheur postdoctoral à l'Institut de Technologie du Massachusetts, à Cambridge. C'est là qu'il fait ses débuts en astronomie en étudiant le Soleil. En 1935, il accepte un poste à l'Observatoire Fédéral d'Astrophysique de Victoria, en Colombie-Britannique. Il s'implique d'abord dans la mesure des orbites d'étoiles binaires puis poursuit sa propre recherche en spectroscopie moléculaire.
En 1939, la seconde guerre mondiale est déclenchée et McKellar devient agent de recherche pour la Marine Royale Canadienne. Il y atteint le rang de lieutenant commandeur tout en poursuivant ses travaux en astronomie et en publiant plusieurs articles scientifiques importants. Ainsi, dès 1940, il utilise la spectroscopie pour déterminer la composition des comètes et démontre que les rayons solaires ont un impact sur leurs spectres.
Toujours en 1940, il est le premier à détecter la présence de matière dans l'espace interstellaire avec l'identification des raies du spectre du cyanogène (ou CN) et du méthyne (ou CH). En 1941, il détermine la température des molécules de cyanogène et déduit que le milieu interstellaire dans lequel elles se trouvent est très froid, soit environ - 271 °C.
Près de 25 ans plus tard, en 1964, Arno Penzias et Robert Wilson confirment la découverte de McKellar. Ils détectent une lumière micro-onde provenant de toutes les régions du ciel et ayant pratiquement la même température, soit - 270 °C : c'est le rayonnement de fond cosmologique, une lumière fantastique émise quelques centaines de milliers d'années après la naissance de l'Univers, lors de la création des premiers atomes. En 1978, alors que McKellar est malheureusement déjà décédé, Penzias et Wilson reçoivent le prix Nobel de physique pour cette découverte qui hissa la théorie du Big Bang au premier rang des théories cosmologiques.
En 1945, la seconde guerre mondiale se termine et McKellar reprend son poste de chercheur à l'Observatoire Fédéral d'Astrophysique de Victoria ; il y restera jusqu'à sa mort, en 1960.
En 1948, il est le premier à fournir la preuve de l'existence du « cycle carbone-azote » (ou cycle CN) au sein des étoiles carbonées froides. Le cycle CN, dont l'existence fut prédite 10 ans plus tôt, est à l'origine d'une réaction nucléaire combinant le carbone à l'azote et libérant une grande quantité d'énergie. Selon la théorie, c'est cette énergie qui anime les étoiles carbonées froides.
Durant les années cinquante, il s'intéresse de plus en plus aux étoiles géantes froides (dont la température de surface peut être aussi basse que 2000 °C) et élargit nos connaissances sur leur taille et leur composition chimique. Il montre entre autres que de grands mouvements turbulents peuvent agiter leurs atmosphères.
Atteint d'une maladie incurable, il meurt prématurément en 1960 à Victoria, en Colombie-Britannique, à l'âge de 50 ans. Il a complété un jour complet de travail à l'Observatoire, quatre jours seulement avant de mourir.
McKellar a reçu plusieurs prix pour son travail en astronomie dont celui d'être nommé membre de la Société Royale du Canada. En 1962, l'Observatoire Fédéral d'Astrophysique de Victoria nomme son télescope de 1,2 mètre en son honneur. Il est utilisé pour mesurer le déplacement des étoiles et déterminer leur composition chimique.