Gerhard Herzberg (1904-1999)
Il a contribué à faire du Conseil National de Recherches du Canada un centre d'excellence de réputation mondiale
Gerhard Herzberg naît en 1904 à Hambourg, en Allemagne. Au début des années 1920, il décide de faire carrière en astronomie mais on l'en dissuade rapidement, les emplois dans le domaine étant rares. En 1924, il s'inscrit à l'Institut Technique de Darmstadt, où il obtient son baccalauréat en 1927 et son diplôme de doctorat en génie physique en 1928.
Spécialisé en physique atomique et moléculaire, il effectue un premier postdoctorat à l'Université de Göttingen en 1928 et un second postdoctorat à l'Université de Bristol en 1929. En 1930, on l'engage comme chargé de cours et assistant en chef au département de physique de l'Institut Technique de Darmstadt. Il y établit également un important laboratoire de spectroscopie et supervise la recherche de plusieurs étudiants et chercheurs invités.
En 1935, Herzberg quitte l'Allemagne nazi (les autorités allemandes lui permettent de partir avec seulement $2.50!) et se réfugie au Canada, où il accepte un poste de professeur invité à l'Université de la Saskatchewan, à Saskatoon. Trois mois plus tard, il devient professeur au département de physique ; il y restera dix ans.
Ses travaux portent essentiellement sur la spectroscopie moléculaire, c'est-à-dire sur l'analyse de la structure des molécules. Herzberg se concentre plus spécifiquement sur la détection et la compréhension des radicaux libres. Les radicaux libres sont des molécules intermédiaires que l'on retrouve dans les réactions chimiques et qui n'existent que pendant quelques millionièmes de secondes en laboratoire, mais beaucoup plus longtemps dans l'espace.
Une de ses premières réalisations à Saskatoon fut d'ailleurs l'identification de la molécule CH+ dans les nuages interstellaires, ces nuages de gaz que l'on retrouve entre les étoiles. Seules deux autres molécules avaient alors été identifiées dans de tels nuages.
En plus des nombreux articles scientifiques qu'il rédige, il publie, en 1936, 1939 et 1945, trois livres qui deviennent vite des classiques en spectroscopie atomique et moléculaire.
En 1945, l'Observatoire Yerkes de l'Université de Chicago lui offre un poste de professeur de spectroscopie dans ses vastes installations de pointe. Il y étudie les comètes et les atmosphères planétaires en mettant au point des méthodes qui deviendront la norme dans le monde entier.
En 1948, il retourne au Canada, où on le nomme chercheur principal au Conseil National de Recherches à Ottawa et, quatre mois plus tard, directeur de la Division de physique pure. Il commence aussitôt à réunir un groupe de spectroscopistes talentueux, spécialisés dans différentes portions du spectre électromagnétique (micro-onde, infrarouge, visible et ultraviolet) et crée de nouvelles équipes de recherche en physique théorique et de l'état solide.
Herzberg continue à multiplier les découvertes scientifiques d'importance : il est, entre autres, le premier à détecter la molécule d'hydrogène dans les atmosphères planétaires, le premier à déceler la présence d'eau dans les comètes et le premier à identifier des dizaines de radicaux libres (dont le méthylène CH2 et le méthyle CH3) en laboratoire et dans les nuages interstellaires. Il fait ainsi du Conseil National de Recherches du Canada un leader mondial en spectroscopie moléculaire.
En 1966, 1971 et 1979, il publie trois autres livres qui deviennent à leur tour des classiques en spectroscopie moléculaire. En 1969, le Conseil National de Recherches du Canada crée pour lui le poste de Chercheur scientifique émérite afin d'éviter qu'il n'ait à prendre sa retraite. En 1974, le Conseil fusionne les unités d'astronomie et de spectroscopie et crée en son honneur l'Institut Herzberg d'Astrophysique ; il y travaille jusqu'à sa retraite, en 1995.
Herzberg meut à Ottawa en 1999, à l'âge de 94 ans. Il a reçu de nombreuses distinctions dont le prix Nobel de chimie en 1971. L'astéroïde no 3316 porte son nom en son honneur. En 2004, le Conseil National de Recherches du Canada crée son prix le plus prestigieux, la Médaille Herzberg, qui couronne un scientifique dont les contributions en recherche se distinguent par leur excellence et leur influence.